Une société chinoise a obtenu de lOffice de lUnion européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) lenregistrement du dessin ou modèle communautaire d’un scooter.
En 2014, une société italienne a introduit, auprès de lEUIPO, une demande de nullité de ce dessin ou modèle, en affirmant quil était dépourvu de nouveauté et de caractère individuel par rapport au dessin ou modèle « Vespa LX » divulgué à partir de 2005 et reprenant les lignes et les caractéristiques de forme de la fameuse motocyclette Vespa, icône du design italien depuis 1945.
La requérante faisait aussi valoir que le scooter Vespa LX était protégé, en Italie, en tant que marque tridimensionnelle non enregistrée et, en France et en Italie, en tant quuvre de lesprit relevant du droit dauteur.
Par un arrêt du 24 septembre 2019, le Tribunal de lUnion européenne (TUE) confirme la légalité de la décision de lEUIPO ayant rejeté la demande en nullité.
Il constate que la requérante, dune part, ninvoquait plus labsence de nouveauté du scooter de la société chinoise et, dautre part, avait choisi le seul scooter Vespa LX par rapport à toute antériorité au sein du patrimoine des dessins ou modèles.
Le TUE estime que lEUIPO a correctement conclu que les deux scooters produisent des impressions globales différentes et que le modèle chinois possède un caractère individuel. En effet, alors que le scooter de la défenderesse est dominé par des lignes substantiellement anguleuses, le scooter Vespa LX privilégie des lignes arrondies. Ce dernier présente aussi des caractéristiques de forme propres, et les différences qui séparent les deux engins sont nombreuses et significatives et néchapperont pas à lattention dun utilisateur averti.
Le Tribunal relève ensuite que, sur la base des éléments présentés par la requérante, lEUIPO ne pouvait pas établir que le scooter chinois avait fait usage de la marque tridimensionnelle non enregistrée correspondant au scooter Vespa LX.
En effet, le public pertinent susceptible dacheter des scooters, ayant un niveau dattention élevé, percevra le style, les lignes et laspect qui caractérisent le scooter Vespa LX comme différents, sur le plan visuel, de ceux de l’autre scooter. En raison des impressions différentes ainsi dégagées par les deux scooters, il nexiste aucun risque de confusion dans lesprit du public pertinent.
Enfin, le Tribunal confirme lanalyse de lEUIPO excluant la violation des droits dauteur de la requérante sur le scooter Vespa LX, en Italie comme en France. En effet, ce scooter, protégé par les droits dauteur italien et français en tant quexpression concrète du noyau artistique de la Vespa originaire, dans la mesure où il englobe ses caractéristiques de forme et son aspect global spécifique, doté dun « caractère arrondi, féminin et vintage« , na pas fait lobjet dune utilisation non autorisée dans le scooter chinois.