Deux jeunes hommes, dorigine maghrébine, de confession musulmane, issus de la banlieue, homosexuels, ont choisi de vivre leur sexualité dans la discrétion vis-à-vis de leur famille et de leurs proches, eu égard à leur milieu familial traditionnel.
Ils se sont plaints de ce que le gérant dun institut de beauté pour hommes à Paris, qui avait eu une relation de couple avec chacun dentre eux, a dévoilé leur sexualité auprès de leurs familles respectives et publiquement sur les réseaux sociaux, à chacune des deux ruptures, ce dont il serait par ailleurs coutumier.
Le défendeur avait créé un faux compte sur Instagram, auquel il avait abonné nombre de connaissances de ses victimes, et sur lequel étaient notamment accessibles des photographies de couple, des conversations Whatsapp privées ne laissant aucun doute sur la sexualité des requérants, ainsi qu’une « story » intitulée « ça cest pour ne pas assumer son homosexualité ».
Dans une ordonnance de référé en date du 15 mai 2019, le tribunal de grande instance de Paris considère que le préjudice subi par les victimes est réel et sérieux, d’autant plus s’agissant de jeunes hommes « dun milieu où lhomosexualité est mal acceptée, voire source de menaces« . En outre, certaines pièces du dossier établissent le lien « entre cette révélation et la circonstance [qu’une des victimes] a dû déménager à distance de son domicile familial pour préserver sa sécurité ». D’autres pièces attestent « des propos violents et homophobes dont il a été lobjet sur internet à la suite de la diffusion dune vidéo le montrant embrassant son compagnon ( ), le décrédibilisant au regard de son activité de rappeur et déléments médicaux ( ) faisant un lien entre le ‘cyber-harcèlement’ de son ex-compagnon et une santé dégradée« .
Le TGI condamne le défendeur au versement aux deux victimes des sommes respectives de 10.000 et 7.000 au titre de la réparation du préjudice moral, la modération de cette dernière découlant labsence de pièces sur le préjudice personnellement subi.