L’application Yuka, qui vise à informer le consommateur sur les produits alimentaires et cosmétiques, a publié sur son blog un article intitulé « Halte aux emballages toxiques » donnant des informations sur les avantages et inconvénients de lensemble des emballages alimentaires.
La Fédération française des industries des aliments conservés (Fiac) a considéré que cet article contenait de fausses allégations et des amalgames trompeurs entre laluminium et la conserve et constituait une pratique commerciale déloyale, trompeuse vis-à-vis du consommateur ainsi qu’un dénigrement de lindustrie de la conserve.
Dans une ordonnance de référé du 5 mars 2020, le tribunal de commerce de Versailles rappelle que selon la jurisprudence de la Cour de cassation, notamment un arrêt du 9 janvier 2019 (pourvoi n° 17-18.350), « même en labsence dune situation de concurrence directe et effective entre les personnes concernées, la divulgation, par lune dune information de nature à jeter le discrédit sur un produit commercialisé par lautre constitue un acte de dénigrement, à moins que linformation en cause ne se rapporte à un sujet dintérêt général et repose sur une base factuelle suffisante, et sous réserve quelle soit exprimée avec une certaine mesure ».
En l’espèce, le tribunal relève, comme le revendique la Fiac, que 80 % de la production des aliments en conserves est faite dans des boîtes en fer blanc et que celles en aluminium comportent toutes un revêtement protecteur.
Or, linformation donnée dans le blog fait un amalgame entre les deux types d’emballages. Ainsi, les juges estiment que le titre « Conserves et aluminium : à éviter au maximum » et linjonction « Evitez au maximum daliments en conserve (
) » sans distinguer le type demballages dans lesquels ces conserves sont vendues, ne reposent pas sur une analyse suffisante des types demballage utilisés par lindustrie de la conserve et constituent un dénigrement des industriels des aliments en conserve.
Le tribunal en conclut que la tonalité des propos contenus dans le blog manque de mesure par une généralisation abusive relative à tous les emballages dans lesquelles les aliments sont conservés. En outre, linformation manque de base factuelle suffisante, se fonde sur une source unique, laquelle est citée à mauvais escient et interprétée de manière extensive.
Le tribunal ordonne donc la suppression aux frais de Yuka du terme « conserves » dans le titre de la section « Conserves et aluminium : à éviter au maximum » de larticle litigieux et la suppression de la première « astuce » : « Evitez au maximum la consommation daliments ayant été en contact avec laluminium (canettes de soda, légumes de conserve, etc.) », dans lencadré en fin de section « Quelques astuces pour limiter lexposition alimentaire à laluminium ».