M. X., médecin psychiatre, a constaté des commentaires négatifs sur sa Fiche Entreprise référencée dans le moteur de recherche Google. M. X. avait préalablement adhéré gratuitement, puis résilié, tel que proposé par Google, au service Google My Business, qui permet dapporter des modifications à la Fiche Entreprise.
M. X. a sollicité de Google leffacement de commentaires qu’il qualifie de diffamatoires déposés sous sa Fiche Entreprise, et la suppression de la possibilité de déposer des commentaires sous sa Fiche Entreprise.
M. X. a saisi le juge, soutenant que le traitement de données mis en uvre pour la publication de la Fiche Entreprise le concernant constituerait un trouble manifestement illicite.
Le 16 juillet 2019, le tribunal de grande instance de Metz refus dordonner la suppression de la fiche du médecin sur Google My Business.
Concernant lexistence dun trouble manifestement illicite, le TGI releve que les données qui figurent sur la Fiche Entreprise de M. X. sont des données à caractère personnel qui sont toutefois disponibles à tous par le biais dannuaires en ligne. M. X. ne démontre pas lexistence dune faute à lencontre de Google par lutilisation de ces données librement mises à la disposition de chacun, de sorte quaucune atteinte au droit des données personnelles ou de la vie privée napparaît constituée.
En lespèce, lidentification de M. X. en sa qualité de professionnel de santé pouvant faire lobjet davis des utilisateurs de Google relève dun intérêt légitime dinformation du consommateur, ceci dautant plus que le professionnel peut signaler les propos qui dépasseraient les limites admissibles de la liberté dexpression.
En raison de la possible opposition, pour des motifs légitimes, au traitement des données à caractère personnel, la suppression pure et simple de la Fiche Entreprise contreviendrait au principe de la liberté dexpression, alors même quil est loisible à quiconque dagir spécifiquement contre les personnes à lorigine davis quelle estimerait contraire à ses droits.
S’agissant de la demande de levée de lanonymat, M. X. sollicitait que Google lui communiquent les éléments permettant lidentification des auteurs de la mise en ligne de lavis Google sur sa Fiche Entreprise. Il estimait que lanonymat des commentaires lempêchait de sassurer que les avis étaient déposés par des patients et lempêchait de demander aux auteurs la suppression des commentaires ou encore dagir contre les auteurs.
Le TGI rappelle que lanonymat permet dassurer la libre expression sur internet. En loccurrence, les commentaires litigieux ne paraissent pas dépasser les limites de la liberté dexpression. Aucun élément ne permet détablir quil ne sagirait pas de patients de M. X., puisque les profils concernés ont laissé dautres commentaires, positifs et négatifs, au fil des mois et que les différents commentaires attaqués en lespèce se recoupent dans le fond de leurs critiques portées à légard du docteur X.
Il napparaît pas justifié de forcer la suppression de commentaires négatifs par des moyens attentatoires à la vie privée dans le but de préserver la réputation dun praticien. Ceci dautant que cette dernière peut être contrebalancée tant par dautres commentaires positifs que par exemple une attitude exemplaire du praticien.
Il est également possible de solliciter la suppression pure et simple du référencement par le moteur de recherche en question si le praticien nadmet pas le libre jeu des commentaires à son égard.