Dans le cadre de la réglementation FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act), un accord conclu entre la France et les Etats-Unis d’Amérique impose aux établissements bancaires de déclarer à ladministration fiscale tout client considéré comme contribuable américain, à charge pour celle-ci de transférer les informations aux autorités fiscales des Etats-Unis.
En décembre 2014, un citoyen français né à Ottawa, Canada, a reçu de sa banque un courrier l’informant quil présentait un « critère daméricanité du fait de son lieu de naissance aux Etats-Unis » et a déclaré son compte à la DGFIP, les données mentionnées dans la déclaration étant portées à la connaissance des autorités fiscales américaines.
Trois ans plus tard, le client a sollicité une rectification par la banque. La régularisation est finalement intervenue à compter de 2018, mais l’établissement sest opposée à toute régularisation pour les années antérieures.
Le contribuable a alors assigné la banque en référé aux fins deffacement de toutes les informations personnelles le concernant dans le cadre du FATCA.
La banque a fait appel de l’ordonnance du 4 juillet 2018 par laquelle le juge des référés a fait droit la demande de son client. Elle a notamment fait valoir que lors de l’ouverture de son compte, le requérant avait indiqué quil était né à Ottawa sans autre précision de lieu et ce n’est qu’en février 2018 qu’il avait produit un extrait dacte de naissance établissant quil est né dans la ville canadienne d’Ottawa et non pas dans une ville éponyme des Etats-Unis.
Dans un arrêt du 12 mars 2019, la cour dappel de Grenoble confirme l’ordonnance dans toutes ses dispositions.
Elle considère que « ce nétait de toute évidence pas [au client] de rapporter la preuve quil nétait pas né dans quelque modeste bourgade de lOhio, de lIllinois ou du Kansas, mais à [la banque] de sassurer que le lieu de naissance figurant sur sa carte nationale didentité était effectivement situé aux Etats-Unis. » En tout état de cause, la banque avait « lobligation vis-à-vis de son client de ne faire aucune déclaration, tant quelle nen avait pas acquis la certitude« .
Les juges du fond estiment que lerreur commise « est incontestable et elle a causé [au requérant] un trouble manifestement illicite en ce que les autorités américaines ont pu le considérer comme un contribuable soumis à la législation fiscale des Etats-Unis. »
Dès lors, elle « ne peut se limiter à une rectification de lerreur à compter de 2018, [le contribuable] ayant un droit fondamental à ce que toutes les données le concernant soient définitivement effacées du ficher FATCA. »
La cour d’appel condamne la banque au versement de 5.000 à son client au titre des frais irrépétibles.