La loi n° 2019-775 du 24 juillet 2019 transpose en droit français la directive du 17 avril 2019 sur le droit dauteur et les droits voisins du 17 avril 2019, et a pour objectif de mettre en place les conditions dune négociation équilibrée entre éditeurs, agences de presse et plateformes numériques, afin de redéfinir, en faveur des éditeurs et agences de presse, le partage de la valeur entre ces acteurs.
Au motif de se conformer à la loi, Google a décidé unilatéralement quelle nafficherait plus les extraits darticles, les photographies, les infographies et les vidéos au sein de ses différents services (Google Search, Google Actualités et Discover), sauf à ce que les éditeurs lui en donnent lautorisation à titre gratuit.
Saisie en novembre 2019 par plusieurs syndicats représentant les éditeurs de ainsi que par lAgence France-Presse (AFP), lAutorité de la concurrence considère quen létat de linstruction, les pratiques dénoncées par les saisissants sont susceptibles dêtre qualifiées dabus de position dominante portant une atteinte grave et immédiate au secteur de la presse, et ce à plusieurs titres :
– Google est susceptible davoir imposé aux éditeurs et agences de presse des conditions de transaction inéquitables qui lui auraient permis déviter toute forme de négociation et de rémunération pour la reprise et laffichage des contenus protégés au titre des droits voisins ;
– en décidant que de façon générale, aucune rémunération ne serait versée pour laffichage de quelque contenu protégé que ce soit, Google aurait contourné lobjet et la portée de la loi, qui laissait la possibilité de consentir, dans certains cas uniquement, des licences gratuites pour certains contenus ;
– en imposant un principe de rémunération nulle à tous les éditeurs sans procéder à un examen de leurs situations respectives, et des contenus protégés correspondants, à laune des critères précis posés par la loi sur les droits voisins, Google est susceptible davoir mis en uvre une pratique discriminatoire.
Dans sa décision rendue le 9 avril 2020, lAutorité de la concurrence enjoint ainsi à Google, dans un délai de trois mois, de conduire des négociations de bonne foi avec les éditeurs et agences de presse sur la rémunération de la reprise de leurs contenus protégés. Cette négociation devra couvrir, de façon rétroactive, les droits dus à compter de lentrée en vigueur de la loi le 24 octobre 2019.