En juillet 2016, un magistrat instructeur près le tribunal de grande instance (TGI) de Nice a renvoyé un prévenu devant le tribunal correctionnel pour répondre de faits de diffamation commis en juillet 2014 à légard dun maire. Les propos incriminés étaient les paroles dune chanson de rap reprises, tant sur le site Youtube, que dans un article dun quotidien, comportant notamment les passages « jai aucun diplôme comme M. A, M. A/Mais je vais devenir maire comme M. A, M. A » et « Vote pour moi, besoin dhélicoptères, de vols en première classe/jsuis devenu accro depuis ma première liasse ».
Le 6 octobre 2016, le TGI de Nice a relaxé le prévenu.
Il a précisé que, pour constituer une diffamation, lallégation ou limputation qui porte atteinte à lhonneur ou à la considération de la victime, doit se présenter sous la forme dune articulation précise de faits de nature à être sans difficulté lobjet dune preuve et dun débat contradictoire. Il a ajouté que le juge doit prendre en considération non seulement les circonstances relevées dans lordonnance de renvoi, mais aussi les éléments extrinsèques de nature à donner à lexpression incriminée son véritable sens et à caractériser linfraction poursuivie. Enfin, le TGI a indiqué quil appartient au mis en cause de prouver sa bonne foi par la légitimité du but poursuivi, labsence danimosité personnelle, la prudence et la mesure dans lexpression ainsi que le sérieux de lenquête.
En lespèce, le TGI a rappelé que, dans les propos retenus, le nom du maire y est évoqué à douze reprises tandis que son prénom apparaît également à plusieurs reprises. En revanche, il a ajouté quil nest pas démontré que les propos incriminés qui sont les paroles dune chanson mise en ligne en juillet 2014 par un auteur et chanteur de rap qui se produit régulièrement dans des concerts, et ayant été reprises dans un article de journal, aient mis en cause lhonneur et la considération du maire de pour des faits précis. Il a également précisé que les 44 lignes de la chanson ne font que des sous-entendus imprécis et que les phrases semblent plutôt concerner celui qui les chante ou les prononce. Le TGI a par ailleurs estimé quaucun reproche précis nest fait au maire, tant à sa personne que dans ses actions dans le cadre de ses mandats électifs, ajoutant que seules les deux premières et les deux dernières phrases font état dun fait précis, à savoir que le maire nest pas diplômé, ce qui nest pas contestable et ce dont se targue à juste titre lancien maire, ce qui ne caractérise pas une atteinte à son honneur et à sa considération.
Le TGI a conclu que les paroles de la chanson visées dans la prévention relèvent de la liberté dexpression de tout auteur.