Le site internet www.demanderjustice.com propose aux internautes de les aider à faire valoir leurs droits en ce qui concerne des litiges de la vie quotidienne et n’excédant pas 10.000 . Il s’agit plus concrètement d’une aide à la constitution de dossiers sous la base de modèles, à l’envoi de lettres types, devant les juridictions où l’assistance d’un avocat n’est pas obligatoire.
L’Ordre des avocats de Paris et le Conseil national des barreaux a saisi la justice soutenant que le président directeur général (PDG) de la société éditrice de ce site internet commettait le délit dexercice illégal de la profession davocat.
Dans un arrêt du 21 mars 2016, la cour d’appel de Paris a renvoyé le prévenu des fins de la poursuite.
Les juges du fonds ont relevé que les déclarations de saisine des juridictions sont établies et validées informatiquement par le client lui-même, quelles sont à son seul nom et comportent sa seule signature.
Ils ont constaté que, sil sagit d actes judiciaires emportant saisine dune juridiction, « il nest nulle part mentionné que la société agirait pour le compte et au nom de ces personnes ».
En outre, le nom de cette société napparaît nulle part dans ce document, ni même dailleurs, son logo, « ne permettant même pas de rechercher un mandat tacite ».
Ils en ont déduit quen réalité, « son rôle est purement matériel », permettant la transmission informatique des documents numériques à un centre de traitement postal, puis, après impression et mise sous pli, leur envoi physique au greffe de la juridiction, étant observé que la question de la validité de la signature électronique est totalement indifférente, dès lors que lon ne voit pas en quoi lirrégularité de cette dernière au regard du code procédure civile pourrait conférer un quelconque mandat ad /item à la société.
La cour d’appel a jouté que, concernant la mission dassistance, telle quelle est entendue par larticle 4 de la loi du 31 décembre 1971, « il nest pas allégué que la société ait assisté ou même accompagné un de ses clients à laudience » et que la seule mise à disposition par cette société à ses clients de modèles-type de lettres de mise en demeure par contentieux, dun logiciel libre, édité par le ministère de la justice, permettant de déterminer par défaut la juridiction territorialement compétente correspondant au domicile du défendeur, et de modèles Cerfa de déclarations de saisine des juridictions, « ne saurait constituer lassistance juridique que peut prêter un avocat à son client, à défaut de la prestation intellectuelle syllogistique consistant à analyser la situation de fait qui lui est personnelle pour y appliquer ensuite la règle de droit abstraite correspondante ».
La Cour de cassation rejette le pourvoi de l’Ordre des avocats de Paris et du Conseil national des barreaux, le 21 mars 2017.
Elle estime que la cour dappel a justifié sa décision.
En effet, il résulte de ces énonciations que « les activités litigieuses ne constituent ni des actes de représentation, ni des actes dassistance, actes que larticle 4 de la loi n° 71-1139 du 31 décembre 1971 réserve aux avocats devant les juridictions et les organismes juridictionnels ou disciplinaires de quelque nature que ce soit ».