Le compte Facebook d’un internaute a été désactivé au motif qu’il avait publié sur son profil le tableau « L’Origine du monde », de Gustave Courbet, représentant un sexe féminin.
Selon Facebook, la publication de ce tableau contrevenait aux règles d’utilisation du réseau social.
L’internaute avait alors assigné en justice l’entreprise pour atteinte à la liberté d’expression, et a demandé la réactivation de son compte.
Facebook a contesté la compétence des juridictions françaises. Selon lentreprise, la « Déclaration des droits et responsabilités » du réseau social stipulait à lépoque que tout litige relatif à lapplication des clauses du contrat devait être porté devant les tribunaux californien.
Dans un jugement du 5 mars 2015, le tribunal de grande instance de Paris avait jugé « abusive » la clause exclusive de compétence, obligatoirement signée par tous les utilisateurs de Facebook et déclaré la justice française compétente.
Facebook avait alors fait appel de cette décision.
Le 12 février 2016, la cour dappel de Paris a confirmé ce jugement et déclaré irrecevable lappel de Facebook.
Reprenant les arguments du tribunal, qui avait retenu que « la clause attributive de compétence avait pour effet de créer, au détriment du non-professionnel ou du consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat », mais également « une entrave sérieuse pour un utilisateur français à lexercice de son action en justice », la cour d’appel déclare la clause « abusive et réputée non écrite ».
La cour dappel souligne en effet que la clause obligeait linternaute, vivant à paris, à saisir la juridiction californienne, particulièrment lointaine, et ainsi à engager des frais particulièrement élevés.
Or, comme lavait jugé le tribunal, « les difficultés pratiques et le coût d’accès aux juridictions californiennes sont de nature à dissuader le consommateur dexercer toute action devant les juridictions concernant lapplication du contrat et à le priver de tout recours à l’encontre de la société Facebook Inc ».
A l’inverse, la cour dappel relève que Facebook « a une agence en France et dispose de ressources financières et humaines qui lui permettent d’assurer sans difficulté sa représentation et sa défense devant les juridictions françaises ».
Linternaute avait donc le choix de saisir le tribunal de son lieu de domicile, en loccurrence à Paris.