Une entreprise établie en Estonie, réalisant la plus grande partie de ses activités en Suède, a été inscrite sur une liste noire publiée sur le site Internet dune association demployeurs suédois, pour commission dactes de fraude et de tromperie.
Lentreprise a alors introduit une action en justice en Estonie contre le site et a demandé au tribunal estonien dordonner sa radiation de la liste noire ainsi que la suppression des commentaires mis en ligne.
Dans le cadre du recours formé devant la Cour suprême estonienne, la Cour de justice de lUnion européenne (CJUE) a été saisie afin de savoir si les juridictions estoniennes sont compétentes pour statuer en matière datteinte à la réputation causée par une publication sur internet, conformément au droit de lUnion.
Dans ses conclusions du 13 juillet 2017, lavocat général Bobek estime quune personne morale qui prétend que ses droits de la personnalité ont été violés par la publication dinformations sur Internet peut, pour lintégralité du préjudice subi, introduire une procédure judiciaire devant les juridictions de lEtat membre dans lequel est situé le centre de ses intérêts.
Par ailleurs, lavocat général relève que le lieu où le fait dommageable de diffamation sur Internet sest produit correspond probablement à celui où la réputation de la personne a été atteinte le plus fortement. Dans les affaires de diffamation, ce lieu est le véritable centre du litige, probablement le lieu où cette personne a le centre de ses intérêts.
Pour déterminer le centre des intérêts dune personne morale, les facteurs pertinents sont les activités commerciales principales ou les autres activités professionnelles, celles-ci devant être déterminées plus précisément par le chiffre daffaires ou le nombre de clients ou de contacts professionnels. Dans le cas où il peut exister plusieurs centres dintérêts, il appartient au requérant de choisir lEtat membre dans lequel il souhaite intenter son action en justice.