Dans le cadre de litiges portant sur des demandes de déréférencement de données sensibles, le Conseil dEtat a soumis le 24 février 2017 à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) plusieurs questions portant sur linterprétation des règles de droit de lUnion relatives à la protection des données à caractère personnel.
La Haute juridiction administrative a notamment cherché à savoir si linterdiction faite aux autres responsables de traitement de traiter des données relevant de certaines catégories particulières (comme les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques ainsi que la vie sexuelle) s’appliquait aux exploitants de moteurs de recherche.
Dans son arrêt rendu le 24 septembre 2019, la CJUE répond par l’affirmative mais précise que ces interdictions ou restrictions ne peuvent s’appliquer aux exploitants de moteurs de recherche qu’en raison du référencement et, donc, par lintermédiaire dune vérification à effectuer, sous le contrôle des autorités nationales compétentes, sur la base dune demande formée par la personne concernée.
La Cour ajoute que l’équilibre entre les droits de la personne et la liberté dinformation des internautes peut être remis en question selon la nature de linformation en question et de sa sensibilité pour la vie privée de la personne concernée et selon lintérêt du public à disposer de cette information.
Ainsi, lorsque lexploitant dun moteur de recherche est saisi dune demande de déréférencement portant sur un lien vers une page web sur laquelle des données sensibles sont publiées, il doit, sur la base de tous les éléments pertinents du cas despèce et compte tenu de la gravité de lingérence dans les droits fondamentaux de la personne concernée au respect de la vie privée et à la protection des données à caractère personnel, vérifier si linclusion de ce lien dans la liste de résultats, qui est affichée à la suite dune recherche effectuée à partir du nom de cette personne, savère strictement nécessaire pour protéger la liberté dinformation des internautes potentiellement intéressés à avoir accès à cette page au moyen dune telle recherche.
En outre, lorsque le traitement porte sur des données manifestement rendues publiques par la personne concernée, un exploitant de moteur de recherche peut refuser de faire droit à une demande de déréférencement à condition que ce traitement réponde à lensemble des autres conditions de licéité et que la personne concernée ne puisse sopposer à ce traitement pour des raisons prépondérantes et légitimes tenant à sa situation particulière.
Enfin, s’agissant des données relatives à une procédure judiciaire en matière pénale, qui se rapportent à une étape antérieure de cette procédure et ne correspondent plus à la situation actuelle, afin d’apprécier le droit au déréférencement, lexploitant du moteur de recherche doit prendre en considération lensemble des circonstances de laffaire, telles que, notamment, la nature et la gravité de linfraction en question, le déroulement et lissue de ladite procédure, le temps écoulé, le rôle joué par cette personne dans la vie publique et son comportement dans le passé, lintérêt du public au moment de la demande, le contenu et la forme de la publication ainsi que les répercussions de celle-ci pour ladite personne.