Deux magazines grand public allemands, propriété dun même éditeur, ont publiés à plusieurs reprises des photos des enfants dun célèbre footballeur allemand. En 2005, le tribunal régional de Hambourg a constaté une violation du droit à limage et a interdit toute future publication de photos montrant les enfants.
Suite à la publication dautres photographies en dépit de linterdiction, le tribunal régional a imposé des sanctions pécuniaires à léditeur des magazines.
Invoquant larticle 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) de la Convention européenne des droits de lHomme, les requérants se sont plaints dune violation de leur droit au respect de la vie privée et familiale.
La Cour européenne des droits de lHomme (CEDH) précise que la question posée est de savoir si la possibilité pour les requérants dobtenir la prononciation dastreintes contre léditeur était suffisante au regard de larticle 8, ou si seul loctroi dune compensation pécuniaire pouvait leur procurer la protection nécessaire à leur droit au respect de leur vie privée.
Les requérants ont fait valoir que le montant des astreintes infligées était insuffisant et que les tribunaux allemands auraient dû leur accorder la compensation pécuniaire réclamée. La Cour relève que les requérants avaient la possibilité de contester le montant des astreintes fixé par le tribunal régional devant les juridictions internes et notamment la cour dappel.
La CEDH observe que le résultat des actions des requérants obligeait léditeur à payer des astreintes dun montant atteignant environ 68 % de la somme quils réclamaient. Elle ajoute que la procédure dastreinte revêtait chaque fois un caractère rapide et simplifié. Le tribunal régional se limitait en effet à constater que léditeur avait enfreint linterdiction générale de publication et à ajouter quelques considérations pour apprécier les montants appropriés et croissants des astreintes.
Dans ce contexte, la Cour estime nécessaire de prendre en considération la nature des publications litigieuses. Elle note que la cour dappel a estimé que si la publication avait enfreint le droit à limage des requérants, lingérence ne revêtait pas une gravité telle quelle aurait justifié ou rendu nécessaire loctroi dune compensation financière. La Cour fédérale de justice a précisé que les requérants nétaient identifiables sur les photos que par la présence de leurs parents et par les textes joints. Les visages nétaient pas visibles ou étaient pixellisés. Enfin, le sujet déterminant des reportages nétait pas les requérants mais la relation entre leurs parents à la suite de leur divorce.
Le 17 mars 2016, la CEDH a donc estimé quil ny a pas de violation de larticle 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) de la Convention européenne des droits de lhomme. Selon elle, les autorités allemandes ont procuré une protection suffisante aux requérants et la nature des photos ne commandait pas loctroi dune compensation supplémentaire.