Le 22 novembre 2016, deux journalistes du « Speed Desk » parisien de lagence de presse américaine Bloomberg ont publié diverses dépêches reprenant, en substance, le contenu dun communiqué de presse frauduleux intitulé « Vinci lance une révision de ses comptes consolidés pour l’année 2015 et le 1er semestre 2016 ».
Ce communiqué mentionnait notamment la découverte dirrégularités comptables très graves nécessitant une révision des comptes consolidés de la société Vinci au titre de lexercice 2015 et du premier semestre 2016, avec pour conséquence la constatation dune perte nette en lieu et place de profits pour la période considérée, ainsi que le licenciement de son directeur financier.
Consécutivement à la diffusion de ces dépêches, dont le contenu a également été relayé par dautres médias, le cours du titre Vinci a enregistré une baisse de 18,28 %.
Dans une décision du 11 décembre 2019, rendue publique le 16 décembre 2019, la Commission des sanctions de l’Autorité des marchés financiers (AMF) estime que la société Bloomberg aurait dû savoir que les informations diffusées par elle étaient fausses. Elle note en effet que la publication des dépêches par Bloomberg, qui a débuté une minute après la réception du communiqué de presse, na été précédée daucune vérification de la part des journalistes du Speed Desk. Or, ce communiqué, qui comportait plusieurs inexactitudes, faisait état dinformations dune grande gravité, laissant présager une chute brutale et immédiate du cours de bourse. Il appelait dès lors à une vigilance accrue de la part des journalistes.
Les journalistes ont ainsi méconnu larticle 21 du règlement européen sur les abus de marché (règlement MAR).
La Commission conclut qu’est caractérisé le manquement consistant en la diffusion, par lintermédiaire des médias, dinformations fausses fixant ou étant susceptibles de fixer à un niveau anormal ou artificiel le cours dun titre. Elle inflige à la société une sanction de 5 millions deuros.
Bloomberg a annoncé son intention de faire appel de cette décision.