Une jeune fille de 17 ans a été victime dun acte criminel. Enfermée dans le coffre dune voiture, elle a composé, en utilisant un téléphone portable, le numéro dappel durgence unique européen 112 une dizaine de fois pour demander de laide.
Toutefois, les équipements du centre de réception des appels durgence ne montraient pas le numéro du téléphone portable utilisé, ce qui a empêché sa localisation.
Les proches de la victime ont introduit un recours devant le Vilniaus apygardos administracinis teismas (tribunal administratif régional de Vilnius, Lituanie) tendant à la condamnation de la Lituanie à la réparation du préjudice moral subi par la victime et par eux-mêmes.
Le Vilniaus apygardos administracinis teismas demande à la Cour de justice si la directive « service universel » impose aux Etats membres lobligation de veiller à une telle mise à disposition même si lappel est passé à partir dun téléphone portable non équipé dune carte SIM et si les Etats membres disposent dune marge dappréciation dans la définition des critères relatifs à la précision et à la fiabilité des informations de localisation de lappelant au 112 leur permettant de limiter ceux-ci à lidentification de la station de base ayant relayé lappel.
Dans un arrêt du 5 septembre 2019, la Cour de justice de l’Union européenne juge que la directive « service universel » impose aux Etats membres, sous la réserve de faisabilité technique, lobligation de veiller à ce que les entreprises concernées mettent gratuitement à la disposition de lautorité traitant les appels durgence au 112 les informations relatives à la localisation de lappelant dès que lappel parvient à cette autorité, y compris lorsque lappel est passé à partir dun téléphone portable non équipé dune carte SIM.
La Cour ajoute que la marge dappréciation dont bénéficient les Etats membres dans la définition des critères relatifs à la précision et à la fiabilité des informations de localisation de lappelant au 112 trouve sa limite dans la nécessité de garantir lutilité des informations transmises pour permettre la localisation effective de lappelant et, partant, lintervention des services durgence.
La CJUE précise qu’une telle appréciation présentant un caractère éminemment technique et étant intimement liée aux spécificités du réseau de télécommunication mobile lituanien, il appartient à la juridiction de renvoi dy procéder.
Enfin, la Cour estime lorsque, conformément au droit interne dun Etat membre, lexistence dun lien de causalité indirect entre lillégalité commise par les autorités nationales et le dommage subi par un particulier suffit à engager la responsabilité de lEtat, un tel lien de causalité indirect entre une violation du droit de lUnion imputable à cet Etat membre et le dommage subi par un particulier doit également suffire pour engager la responsabilité de cet Etat membre pour cette violation du droit de lUnion.