Un journal a publié un article critiquant la gestion des biens dune commune notamment sur le fait que le maire aurait donné un terrain dune valeur de 550.000 à lopérateur dun cinéma et se serait engagé à payer le déficit de lopérateur pendant vingt ans.
M. X., maire de la commune, a porté plainte et sest constitué partie civile notamment du chef de diffamation envers un citoyen chargé d’un mandat public. M. C., directeur de la publication, et Mme Y., journaliste identifiée comme l’auteur de ce texte, ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel qui les a déclarés coupables, le premier du chef susvisé, la seconde, pour complicité de diffamation envers un citoyen chargé d’un mandat public.
Mme Y. a alors interjeté appel.
Dans un arrêt du 17 novembre 2016, la cour dappel de Montpellier a retenu, au bénéfice de Mme Y., lexception de bonne foi.
Elle a indiqué pour cela que la journaliste pensait que les faits étaient réels car un opposant politique du maire les avait répétés lors de réunions publiques en sappuyant sur une délibération du conseil municipal. Les juges du fond ont donc souligné que les faits étaient réels et avérés.
De plus, ils ont relevé que Mme Y. avait pris les précautions d’usage dans l’écriture de son article en employant le conditionnel, la forme interrogative et des guillemets dont ils déduisent la bonne foi.
Enfin, ils concluent en précisant que du fait de sa profession, la journaliste avait eu lintention dinformer le public sur la gestion des biens de la commune en période électorale en rapportant les propos d’un adversaire politique.
Le 6 mars 2018, la Cour de cassation casse larrêt rendu par la cour dappel.
Elle rappelle ainsi que celle-ci aurait dû tout dabord statuer sur le caractère diffamatoire des propos litigieux.
Les juges du fond auraient également dû mieux sexpliquer sur l’existence d’une base factuelle des allégations litigieuses et sur l’absence d’animosité personnelle de la journaliste à lencontre du maire.
La Haute juridiction judiciaire rappelle ainsi les conditions cumulatives nécessaires pour bénéficier de lexception de bonne foi en matière de diffamation : labsence danimosité personnelle, la légitimité du but poursuivi, la prudence et la mesure dans lexpression et le sérieux de lenquête.