La chaîne France 2 a diffusé un « Complément denquête » retraçant la vie et le parcours de Vincent Bolloré comportant notamment des passages sur des affaires potentiellement malhonnêtes. Vincent Bolloré a alors attaqué la chaîne pour diffamation. Un communiqué du groupe Bolloré a ainsi souligné que ce reportage « caractérise une volonté avérée de lui nuire en le dénigrant gravement. Ceci porte atteinte à ses intérêts commerciaux ».
Dans un jugement du 5 juin 2018, le tribunal correctionnel de Nanterre a relaxé France 2.
Il est nécessaire de rappeler que la diffamation se définit, selon larticle 29 de la loi du 29 juillet 1881, par lallégation ou limputation dun fait précis qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération dune personne. Si linfraction est caractérisée, le prévenu peut échapper à la condamnation en invoquant lexception de bonne foi dégagée par la jurisprudence. Celle-ci sapprécie en prenant en compte quatre critères cumulatifs : labsence danimosité personnelle, la légitimité du but poursuivi, la prudence et la mesure dans lexpression et le sérieux de lenquête.
En lespèce, le tribunal a tout dabord relevé que dans huit passages incriminés, les propos nétaient pas constitutifs dune infraction.
Dans le neuvième passage concerné qui abordait lexistence de passe-droits accordés au groupe Bolloré pour un appel doffre au Cameroun, le tribunal a précisé que les propos étaient diffamatoires. Cependant, il a notamment souligné que « labsence danimosité personnelle » de lauteur du reportage et le « sérieux de son enquête » permettaient la relaxe de la chaîne et de lauteur. Ainsi, cette affirmation a été faite en « plein exercice de la liberté dexpression du journaliste ».
Ce raisonnement procède dune conciliation nécessaire entre la protection de la personne diffamée, la liberté dexpression du journaliste et le droit à linformation du public.